Après avoir pratiqué, enfant, la danse, vous avez voulu être parfumeur dès l’adolescence. Ce n’est pas un métier banal. Comment est née cette idée ?
francis kurkdjian: Ma rencontre avec le monde du parfum s’est faite à travers un article paru dans le magazine VSD. Cinq parfumeurs emblématiques de l’époque parlaient de leur passion. Ce fut une révélation. Je n’ai jamais remis en question ce choix que j’ai fait à l’âge de 13 ans.
Pourquoi préférez-vous l’appellation « compositeur de parfum » à celle plus commune de « nez » ?
fk: Parce que l’appellation « compositeur de parfum » reflète exactement ce que je fais et qui je suis. « Nez » n’est vraiment pas un mot qui convient au compositeur de parfum même si le langage commun le désigne ainsi. Le nez ne réfléchit pas, il ne crée pas, il n’imagine pas, il n’invente pas. Tout part du cerveau, de l’idée, de l’inspiration. Le nez est « juste » là pour vérifier que le cerveau « voit » juste. Cette conscience de la primauté du cerveau est primordiale car elle fait tomber un lieu commun : un parfumeur sent-il plus de choses qu’une personne lambda ? Non, il ne sent pas plus, mais mieux. Mieux dans le sens où son cerveau est éduqué et possède le langage et la technique pour composer, imaginer, jouer avec les odeurs. Mieux car il est capable d’imaginer des formes olfactives qui n’existent pas encore.