Rodolphe Parente

En septembre dernier à la Monnaie de Paris, sa “lingerie métal-pop” a été sans aucun doute l’intervention qui a le plus interpellé les visiteurs de l’édition 2017 d’AD Intérieurs. Et pour cause, Rodolphe Parente invitait une pièce “banale” du quotidien dans le contexte prestigieux de la haute décoration. Une tension entre fonctionnel et sophistication qui caractérise le travail de l’architecte d’intérieur qui a fait ses armes auprès de la grande Andrée Putman avant de lancer son agence en 2010. Attaché aux “charges émotionnelles” qu’il cherche à capturer avec ses réalisations, Rodolphe Parente prend l’actuelle “glamourisation” du design à contre-courant tout en restant attaché à une esthétique héritée de l’art décoratif français et italien. Entrepreneur dans l’âme et très proche de l’artisanat, il se confie ici sur sa vision de son métier et sa volonté de “déplacer les lignes”.

Ton travail permet la rencontre entre une esthétique industrielle et la haute décoration. À l’image de ta “lingerie métal-pop” présentée à l’occasion d’AD Intérieurs en septembre dernier. L’idée de marier le fonctionnel et les arts décoratifs de cette manière-là, c’est relativement nouveau.

rodolphe parente:Pour moi, il y a toujours eu ce rapport. On fait de l’art appliqué. Si l’on n’applique pas, on fait de l’art. Ca n’a pas de fonction ni de cadre. Chacun l’applique à sa façon, c’est une question de traitement, de philosophie, de rapport aux choses. Cette tension, c’est mon langage finalement. Dans le même temps, je suis contre la notion de style. Se servir de la lingerie pour questionner le métal, cela reste un prétexte. Le propos se situe sur la matière, le développement des finitions et la volonté de pousser un peu plus loin la démarche des entreprises avec lesquelles je travaille. Ce projet cristallise certaines choses, le rapport des matières industrielles, l’artisanat d’art, la permutation des choses. Cela pourrait être carnavalesque « philosophiquement parlant ». Une lingerie dans le cadre d’AD Intérieurs, c’est intéressant et il y a aussi une certaine irrévérence, mais une irrévérence maîtrisée. Je questionne la notion de haute décoration. Et aussi la question du beau dans le quotidien.

On sent chez toi tout cet héritage de l’art décoratif italien et français, l’excellence, le raffinement, l’ornementation. En amenant cet héritage vers un environnement industriel, on a l’impression que tu opères une forme de “glamourisation” – dans le bon sens du terme.

rp:J’essaie toujours d’apporter de la sophistication, soit par le choix d’une matière, soit par le traitement d’une écriture. Venant de cet univers à la Putman où on détourne facilement des matériaux qui s’approprient le glamour, la sophistication, il est certain que je suis dans un héritage lié à ce rapport aux matières détournées. Mais le traitement est toujours différent suivant le projet. Pour moi la sophistication n’est pas une volonté.